Créateurs, influenceurs, comment leurs métiers évoluent-ils dans les metaverses ?
Les metaverses tels qu’on les désigne actuellement, sont « des plateformes sociales semblables à des jeux vidéo persistants ». Or en quelques mois, ils sont devenus de réelles opportunités pour le secteur de la communication. Gartner, société américaine de conseil, prédit qu’en 2026, 25% d’entre nous passera au moins une heure par jour dans les metaverses. Et les professionnels et créateurs dans le Web s’y préparent âprement. En particulier, 56% des influenceurs ont déclaré avoir déjà rejoint les metaverses et 70% estiment qu’à terme cela remplacera les réseaux sociaux.
Avec les metaverses, quelle évolution pour les créateurs ?
Dans le gaming du Web 2.0 que nous connaissons : des profils « techniques » hyperspécialisés et passionnés
En 2021, pour ArianeGroup, leader européen de lanceurs spatiaux, une équipe chez Sweet Punk avait travaillé avec les créateurs d’Elysium Fire à la réalisation d’une map dans Minecraft.
L’objectif était de rendre disponible auprès des jeunes un outil pédagogique pour faire découvrir l’histoire des fusées d’Ariane (la moyenne d’âge étant de 24 ans sur Minecraft). Cinq influenceurs gamers : Siphano, Frigiel, Aypierre, Aurélien_Sam, Nems_YT avaient chacun réalisé une vidéo de 20 minutes sur YouTube pour faire connaître la map à leur communauté. Ce jeu avait alors été conçu grâce à des passionnés du gaming, à la fois par des créateurs de mondes virtuels et par des influenceurs gamers. Et cette campagne était née de cette tendance que nous avions observé concernant la gamification des pratiques numériques chez les plus jeunes.
Cette tendance à la gamification a notamment grandement contribué au succès de Twitch par exemple. Cette plateforme sociale centrée autour du jeu vidéo a séduit beaucoup de marques telle que Ikea. La marque suédoise y a ainsi réalisé sa Game Night avec 4 gamers professionnels pour célébrer le lancement de sa nouvelle gamme d’articles de gaming. En effet, le gaming est un secteur très prisé car si les millennials sont avides de gaming, 87% de la Gen Z, jouerait aux jeux vidéo de façon quotidienne ou hebdomadaire.
D’où l’essor des campagnes de communication et la multiplication conjointe des nouveaux mondes virtuels pour séduire une génération Z hétéroclite et extrêmement volatile. En créant de nouveaux territoires d’expression et de créativité, les marques décuplent des expériences utilisateurs immersives dont les plus jeunes sont très friands. Par exemple, Nike a lancé Nikeland son monde virtuel dans le metaverse Roblox. La marque prévoit d’y intégrer des événements sportifs lors de temps forts comme la prochaine coupe du monde de football ou des boutiques pour habiller son avatar ou co-créer ses propres articles.
On le voit les metaverses offrent de très belles opportunités pour les annonceurs. Qu’en est-il alors pour les influenceurs et les créateurs ?
D’après une étude menée par Izea, « 60% [des influenceurs] se voient comme des créateurs dans ces mondes virtuels. »
« Dans le détail, [les influenceurs] pourraient développer des expériences mettant en valeur une marque, organiser des événements comme des concerts ou des fêtes, mais aussi faire la promotion de NFT qu’ils ont co-créé. »
La promotion de NFT dans les metaverses, a déjà débuté. Par exemple, Superplastic leader mondial des figurines numériques a sorti, en février, en collaboration avec Gucci, des sculptures en céramique intitulées SuperGucci, accompagnées de NFT, et dont les motifs s’inspirent des collections.
Pour le secteur du luxe en particulier, c’est rendre accessible à un plus grand nombre de consommateurs, par les avatars, des accessoires, et des habits numériques à un coût bien plus abordable. Ainsi, « ce champ d’expression et de connexion offre de nouvelles façons d’interagir et de toucher des communautés difficiles à atteindre, tout en préservant la place de l’industrie du luxe dans un environnement culturel mondialisé. »
Pour le moment, gravitent essentiellement autour des metaverses trois types de profils :
1/ les créateurs
Ils sont designers, développeurs, programmeurs, artistes 3D, artistes vendant leurs NFT.
Sur Zepeto par exemple, le metaverse sud-coréen dont la croissance est fulgurante, de nombreux créateurs indépendants proposent aussi des vêtements pour créer l’avatar qu’on souhaite.
On le voit, l’une des particularités des créateurs dans les metaverses est de maitriser les codes de l’IA. Avec la structuration du marché, on comprend alors le besoin de professionnalisation du secteur. A noter, l’ouverture de la toute première école mondiale entièrement dédiée à la création de ces univers en 3D qui ouvrira ses portes en octobre 2022 à la Défense (8).
2/ les experts et investisseurs
Ils voient dans les metaverses de nouvelles opportunités business. Parmi ces leaders d’opinion sur Twitter, on peut citer Changpeng Zhao, fondateur et PDG de Binance la plus grande plateforme d’échanges de crypto-monnaies au monde, et d’autres investisseurs et analystes des medias. (9) Les conversations de ces influenceurs metaverses auraient d’ailleurs bondi lorsque Facebook est devenu Meta ou lors du lancement de Nikeland.
3/ les stars
Certaines d’entre elles nous proposent des expériences nouvelles comme des concerts et des fêtes virtuelles.
Dans les metaverses de demain : la propagation des influenceurs virtuels ?
Dans le futur des metaverses, les influenceurs virtuels pourraient prendre une place plus importante. Ils sont déjà bien implantés dans les réseaux sociaux actuels mais leur nombre pourrait être beaucoup plus élevé, les hissant parmi les premiers habitants des mondes virtuels.
L’une des plus riches influenceuses virtuelles dans le web social est Lil Miquela. Ce robot est basé à Los Angeles et a déjà travaillé pour des marques prestigieuses telles que Prada ou Calvin Klein.
Pour le moment, le marché manque encore de régulation et d’un cadre éthique. C’est ce sur quoi travaille notamment Meta pour son futur metaverse. Par ailleurs, les utilisateurs des plateformes restent attirés par des conversations avec des personnes réelles et sont friands de rapports authentiques. Cela explique que de nombreux utilisateurs critiquent le Meta de Facebook le jugeant trop aseptisé.
Pour autant, pour les marques, les influenceurs virtuels représentent plusieurs avantages :
- Ils offrent la possibilité de surprendre les utilisateurs en créant des expériences uniques pour séduire la Gen Z. Ces influenceurs enregistrent d’ailleurs des taux d’engagement 3 fois plus élevés que les influenceurs réels
- Ils permettent une plus grande liberté de création du fait qu’il n’y ait pas de règles sur ce qu’ils souhaitent publier
- « Ils ne feront pas de commentaires politiquement incorrects ou ne seront pas mêlés à des scandales sexuels »
Si tout reste encore à faire, les metaverses offrent de nouveaux territoires d’expression très appréciés des créateurs ainsi que des opportunités commerciales très intéressantes. Et avec le renforcement du virtuel, c’est également toute l’économie qui évolue… Près de 49% des influenceurs se diraient en particulier favorables à l’idée d’être rémunéré en bitcoin plutôt qu’en dollars dans les metaverses.
Sources :
- L’ADN – Metavers Roblox the Sandbox
- L’Éclaireur FNAC – Article « 70% des influenceurs estiment que le metavers remplacera les réseaux sociaux »
- Air of Melty – Article « Le Gaming plus fort que tout pour la GenZ »
- Sport Marketing
- Vogue – Article « Gucci collection NFT »
- Stratégies – Actualité « Le gaming, nouvel eldorado pour le secteur du luxe »
- Les Échos – Article « La première exclusivement dédiée au métaverse ouvre ses portes à Paris »
- Crypto NFT News – Article « Le top 10 des plus influenceurs métaverse sur Twitter »
- Co-Marketing – Article « Influenceurs : quand le virtuel a plus d’impact que le réel »
- L’ADN – Relations sexuelles metavers/Facebook ?
- Le Blob – Article « Le succès des influenceurs virtuels en Asie : un avant-goût du metaverse »
- Affde – Virtual influencers
- L’ADN – Article « Influenceurs metavers remplacera réseaux sociaux »